“J’en ai trouvé sur mon mur, dans mon frigo, partout…” : l’enfer des cafards dans un immeuble du Mans, les habitants à bout
Depuis plus d’un an, les résidents d’un immeuble neuf de la rue Banjan au Mans vivent un véritable cauchemar. Une invasion massive de cafards, provenant d’un seul appartement insalubre, contamine désormais tout le bâtiment. Face à l’impuissance du bailleur social bloqué par des contraintes juridiques, plusieurs familles envisagent déjà de fuir.
Un appartement insalubre à l’origine d’une contamination généralisée
L’origine de cette prolifération exceptionnelle a été identifiée : un locataire sous curatelle renforcée, dont le logement est devenu un véritable “capharnaüm” selon les voisins. Poubelles abandonnées sur le palier pendant des jours, mégots jetés dans les grilles d’aération, accumulation de détritus… Des conditions idéales pour transformer un appartement en nurserie à cafards.
“J’en retrouve partout, sur les murs, sous mes plantes, dans les couloirs, et même près de ma nourriture”, témoigne Marie-Line Échevin, 65 ans, résidente épuisée par cette situation. “En 40 ans de location, je n’avais jamais vécu ça. On nous dit qu’une fois qu’ils sont là, c’est presque impossible de s’en débarrasser complètement.”
48 heures d’isolement nécessaires : le protocole impossible à appliquer
La Mancelle d’habitation, bailleur social gestionnaire de l’immeuble, se heurte à un obstacle majeur. Pour éradiquer définitivement les cafards, le protocole exige un isolement total du logement source pendant 48 heures après chaque traitement, avec 2 à 3 interventions de rappel. Problème : le locataire concerné, protégé par son statut de personne vulnérable sous curatelle, ne peut être contraint d’ouvrir sa porte ou de quitter temporairement les lieux.
“Nous n’avons pas le droit d’entrer de force dans ce logement. La procédure d’expulsion est notre dernier recours, mais elle pourrait prendre encore des mois”, explique Cyril Raffier, directeur général adjoint du bailleur, qui promet une résolution “avant fin 2025 au plus tard”.
Des risques sanitaires minimisés mais bien réels
Au-delà du dégoût et du stress psychologique, la présence massive de cafards représente un véritable danger sanitaire. Ces insectes sont vecteurs de bactéries pathogènes comme les salmonelles et peuvent déclencher des crises d’asthme sévères, particulièrement chez les enfants et les personnes âgées. Leur odeur musquée caractéristique, décrite comme “écœurante” par les résidents, imprègne progressivement tous les appartements contaminés.
L’exode a commencé : “Ma solution, c’est de partir”
Face à l’enlisement de la situation, plusieurs familles ont déjà pris la décision radicale de déménager. “Ras-le-bol, stress permanent… Ma solution va être de me loger ailleurs”, confie Francine Caillas, qui ne supporte plus cette cohabitation forcée avec les nuisibles. D’autres résidents, découragés par les interventions inefficaces des désinsectiseurs, envisagent sérieusement de rompre leur bail.
Un immeuble neuf transformé en repoussoir
Le paradoxe est cruel : cet immeuble récent, qui devait offrir un cadre de vie moderne et sain, est devenu un lieu que ses habitants fuient. Les appartements vides risquent d’être difficiles à relouer tant que le problème persiste, créant un cercle vicieux où moins de résidents signifient moins de pression pour une résolution rapide.
Des solutions existent, mais restent bloquées
Des courriers de mise en demeure ont été envoyés au curateur, sans effet notable. La procédure d’expulsion, dernière carte du bailleur, pourrait prendre entre 6 et 12 mois selon les experts du secteur. Pendant ce temps, une femelle cafard peut produire jusqu’à 300 descendants, transformant chaque jour de retard en multiplication exponentielle du problème.
Les spécialistes de la désinsectisation confirment : sans traitement simultané de tous les logements et élimination de la source principale, les cafards reviendront inévitablement. Un constat qui laisse peu d’espoir aux résidents qui espéraient une solution rapide à leur calvaire quotidien.
Les habitants concernés peuvent contacter leur bailleur social ou l’Agence Régionale de Santé des Pays de la Loire pour signaler cette situation d’insalubrité.

